Gaz


Or il n'est rien que je ne formule ;
J'ai tout décrit ! Jusqu'au vieux limule !
Le monde est vide et ma langue fuit
Vers ces enfers, dont j'ai l'usufruit,
Où logent l'Ange et l'Epouvantable,
Où rage un songe aux stalles instables
Prises par les démons pour s’asseoir
En cette église – et comment surseoir
Au grand destin commun délétère,
Cet unanime faix de la terre
Posé, pesant au ventre des morts
Grouillant de vers, gonflés de remords...

Nul lieu, ni voie, et pas de formule !
Rien de magique ! À moins qu'on simule !
Depuis mille ans, l'on crée et l'on meurt,
Depuis mille ans ! La vie est un flirt !

Le bref présent hanté nous échappe ;
Ce court moment qu'un futur écharpe !
L’appartenance au monde vivant
Pour l'âme humaine est comme le vent
Puis cette foi, par nous partout née,
Fait l'existence ainsi condamnée
A se méprendre ! Et goûter le temps
Bute au veto des dieux du dedans !

N'est pas plus d'or qu'il n'est de recette,
Le monde est là ! Mais regarder cette
Réalité tiendrait de l’exploit,
Pauvre être lourd, contre notre droit !


Les stupeurs d'aperçus fugaces,
D'immenses et chaotiques grâces...

- Déjà vertige -







Ecrit par Salus
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