Le chemin


Il s’ouvre, il serpente, il sinue ;
Dans les senteurs, et mal tracé,
Par les buissons embarrassé,
Inverse au vaste air de la nue,

Déroule à flanc des monts son long
Lacet lisse, à peine visible,
Que l’innombrable caillou crible
De son minéral petit gong !

Je le suis, n’aimant pas, des routes,
Le morne et sinistre ruban ;
Et me mettant moi-même au ban
Du progrès purulent de croûtes,

Je parcours un peu les pampas
Au fouillis de ces brousses drues
Dégorgeant d’aneths et de rues
Où j’allonge et jette le pas ;

Et ravi, sentier solitaire,
De ta facture de diamant
Qui me fait, d’aventure, amant
De l’azur et de la rivière,

Je chemine jusqu’à plus soif,
Tes circonvolutions sacrées,
Refuge aux terres massacrées,
Couvertes de suif, et du staff

Pullulant de l’affreux bipède,
Haï plus, car ignoblement,
Vu que jamais il ne se ment,
C’est la race du pauvre aède…




Ecrit par Salus
Tous droits réservés ©
Lespoetes.net