Nous ne sommes qu'illusion

Comme porte de mémoire
battant au vent
notre vie s'ouvre
et se referme
Il y a peu de choses à dire
heures assises
jambes plantées
dans le saloir du néant
Que dire ?
que faire ?
qui croire?

La pluie peut-être
rituelle
immuable
Son cercle bleue
inscrit dans la nuit
des libellules fugaces
à nos semelles

On ose une réponse
un sourire
un je t'aime furtif
quelques mots d'amour
Un peu de chair sur de la joie
un peu de sang qui palpite
une âme éparse dans la neige
nous allons sans savoir

Le vent tiède
à la dérobée du soir
nous accompagne un instant
le temps d'une prière
Le temps d'un amour
la vie est un joyau
qui brille
un instant de grâce

Mais le bruit de la pluie
répétitif
nous rappelle
à nos demeures de silence
Seules claquent les portes
Nous allons sans but
dans nos manteaux
de modeste solitude

Les morts d'hier
respirent encore en nous
leur souffle nous étourdit
leur souffle nous grise
de la vie qui passe

Nous voudrions fuir
quitter ce corps de chair
et de pluie mêlées
oublier le peu de joie
qui demeure en nous

Les morts d'hier nous sourient
les morts nous ouvrent
leurs mains éventrées
et nous attendent
Avidité exécrable de la mort
qui prend la vie
au tournant des demeures
du silence

Il y a peu de choses à dire
heures assises
jambes plantées
dans le saloir du néant
L'allégresse nous figera
dans le mystère
étonnamment lisse de la mort
où ruisselle le temps

Nous ne sommes qu'illusion




Ecrit par Philippeb
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