Futurs de passés lointains.


Il lui a tendu la main,
Pour traverser la rue,
Comme on tend une main
Pour aller bien plus loin
Que de l'autre côté de la rue.

Il avait pris la main de son ombre,
Quittant pour l'hiver la flambée
De notre chaumière en plein champs.
Ils avaient descendu le chemin,
Avant de se fondre dans le petit bois.

Puis, la main toujours dans la main,
De l'autre côté de la rue,
Ils se sont confondus avec la foule
Qui comme la vie s'écoule
Jusqu'au bout de la rue.

Son ombre l'abandonna à l'orée du bois.
Il revint à la maison, s'assit le dos au feu,
Prit son livre qu'il avait laissé ouvert
Et, sans rien nous dire,
Par la fenêtre il regarda au loin.




Ecrit par Jean Pitre
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