Je sais des vers pompeux

Je sais des vers pompeux aux rimes claudiquantes,
Que des âmes perdues ont creusé dans leur chair :
Sillons abandonnés sur une mer géante,
Offerte aux inconnus, naufragés volontaires.

J’ai vu naître des fleurs sur des terres incultes,
Gageure d'un printemps sans cesse reconduit.
Sur l'océan glouton, dressé comme une insulte
Un pont fédérateur des rêves d'une nuit.

J'ai connu les travers de pénibles errances,
Des jurons de dépit avivés par l’alcool.
Le diable et la mort m’ont harcelé d’avances
Repoussant leurs baisers, j’ai remonté le col.

Dans la quête obstinée d'une terre promise,
J'ai épuisé mes yeux, usé mes croquenots,
Atteint des horizons qui sans fin s’éternisent,
Vers d'autres horizons étoilés de fanaux.

Et tant d'illusions, cruelles, aguichantes
M'ont tracé des chemins conduisant à l'écueil,
Que le corps fatigué de marches pénitentes,
Je renonce fourbu aux joies en trompe-l'oeil.

Alors, abandonné aux pensées coutumières
D'un monde liardeur en amours apaisantes,
J’attends, tel un pêcheur au bord de la rivière,
Avec, sur l'hameçon... Mes rimes claudiquantes...




Ecrit par Maninred
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