Kénose

Mais je ne voudrais pas te lier au mât
Que j’ai planté dans ton cœur en émoi.
Non, je ne voudrais pas t’embarquer sur ce fleuve
Où les frimas étreignent les navires en perdition
De ces amours égarés qui regardent hagards
Au travers les hublots de leur désespoir
Les étincelles mourantes sur l’écume des rêves
D’un soleil accablé qui n’espère plus renaître.

Non je ne voudrais pas te lier aux chevaux
Dont le galop emporte les rafales des passions
Qui viendront s’écraser sur des roches scarifiées.
Je ne t’arracherai pas à l’éclat de l’aube
Quand tintent les perles des nouvelles alliances
Et de tous ces voeux où passe l’espérance
Tel le gracieux héron planant sur les rivières.

Je ne voudrais pas t’emprisonner
Dans la cage satinée de mon miroir
Comme une image moulée au creuset de mon désir.
Car il est temps que tu viennes me libérer
De moi-même,
Il est temps que tu viennes m’offrir un chemin
Pour quitter cette forteresse enlisée dans les sables
Où les torches s’éteignent dans ces couloirs haletants
Quand soufflent des vents solitaires
Qui coiffent mes cheveux de cendre.




Ecrit par Banniange
Tous droits réservés ©
Lespoetes.net