Pour vivre heureux...




J'ai voulu, dès toujours, m'extraire de l'humain ;
Même avant de savoir le vampire Romain,
Ni le succube Grec, ou les atroces Perses,
Confusément j'avais l'intuition que tu perces,
O malfaisant bestial, de ton frère le flanc
- Dont l’appétit serait le seul repère franc -
Dès qu'offre l'occasion d'un heur qui t'es loisible
(Œil pour œil, dent pour dent, comme le dit la Bible)

Hélas ! se renier en tant qu'espèce est dur,
Et voulant replier, dans un espace sûr,
Mon agoraphobie inquiète et misanthrope,
Tôt, j'habitais au vide espace nu du trope,
J'établissais mes camps au syllogisme aigu,
A la coquecigrue, aux vers qui m'ont ému,
A l'humour, au tragique, et tout ce qui se cerne
Par la lettre classique, et jusqu' - hydre de Lerne -
A la mythologie, où je séjourne encor,
Comme d'une Hespéride un ver aux pommes d'or...

Dès lors, quoique incapable, avec mon statut d'homme,
D'abjurer mieux ma race, et caché tel qu'un faune
Dans les buissons touffus de la littérature,
J'observe mes pareils vivre, en leur aventure,
Cette existence louche exempte de tout sens
Où l'odeur de la mort disparaît sous l'encens
Brûlant sus aux autels d'innombrables démiurges
Justifiant l'horreur des crimes et des purges !


...Et je reste, prudent, derrière mes pamphlets,
Renouvelant la rime et ses alphabets blets...




Ecrit par Salus
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