Comme le feuillage du saule

Dans le grand torrent invisible
Des jours qui filent, où l’on vieillit,
Le temps de sa masse insensible
Pèse sur nos ailes meurtries.

Les miettes d’irisations vives
Qui miroitaient dans nos regards
N’ont plus qu’une teinte évasive
Dispersée comme en un brouillard.

On reste encor' la bouche ouverte
Devant la grâce d’une fleur,
Le jardin lustré d’herbe verte,
Les accords d’un oiseau siffleur,

Mais du blond froment qui ondoie
On voit désormais l’inquiétude
Des épis mûrs sans autre choix
Qu’offrir au vent leur solitude

Et sur les aubes affaiblies
Qui peinent à brosser l’azur
Une mélancolie surgit :
De leur art on n’est plus si sûr.

Ainsi tremblant vont nos épaules
Agitées d’émergeants soucis
Comme le feuillage d’un saule
Au ras de l’eau l’est sous la pluie.





Ecrit par Fregat
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