Le père des ondines

Ô capitaine, mon capitaine !
Qui des solitudes exquises
Fait une marée souveraine
Dont toutes les mains sont éprises !

Bois-tu en cette heure splendide ?
Tes jambes sont-elles en chemin
Pour me livrer le cœur liquide
D'un ineffable parchemin ?

Ta peau qui partout danse et rit
À la barbe des tristes sires
Navigue-t-elle dans la folie
Ou dans un souhaitable désir ?

Quand tu es là, je suis le cri 
Et tiens la barre des grands vents !
Je souffle l’ego qui se lie
À l'esprit libre et dérangeant !

Oui capitaine, mon capitaine !
J'aime les êtres que tu couves
En les glissant sous ta carène
Loin de l'ennui des calmes douves !

J'ai vu par toi le clair des cils
Et la bravoure des auréoles
Lorsque la nuit s'enfuit et vole
Sous nos yeux cernés et graciles !

Je veux chanter l'air inconnu
Qui sur ton front brille toujours !
Les albatros de ton dos nu
Tatouage d'un plein amour !

Les vagues sont de ta famille
Toi que le vertige ravit 
Et les étoiles sont tes drilles
Causant par ta bouche à la vie !

Lui, capitaine des capitaines !
Parangon des îles noyées
Où peignent toujours les sirènes
Donnant à l'art sa vraie beauté !

Je lui décerne, douces rimes
La flèche vive des mémoires !
De ceux qui suivent le sublime
Préférant la mer à la gloire !

Je crois en son voyage vain
Plein de détours et de dangers !
Au trésor que promet sa faim
D'indescriptibles voluptés...

Qui d'autre ici est l'équipage
De ce contempteur d'injustice ?
Ne jugeant aucun de nos vices
Sinon celui de rester sage !




Ecrit par Tomdubor
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