Deux pour un


Marche hivernale

Tombe sur ma fourrure
Ô, neige zigzagante !
Réchauffe la froidure
Qui me gèle, me hante.
Sur ton écran de givre
Qui me soûle et m’enivre,
Projette une nuée
D’amour et de rosée.

Un sentier hivernal
Remonte le moral
S'il neige, je grelotte
S'il grêle, je capote
Devrais-je errer… partir ?
Si c’est la pluie… courir !

Tombe sur ma carrure
Ô, neige de jeunesse !
Relève ma blessure
Qui me gêne, me blesse.
Écran de souvenirs
Aux flocons de saphirs,
Lance ta poudrerie
Sur mes chagrins de vie.

J'entends un hurlement
Qui me semble inquiétant
Si c'est un loup, je hume
Si c’est un fou, j’assume
Devrais-je arrêter… fuir ?
Si c’est la mort… courir !



Tombe la neige

Le cœur de mon pays gèle de froidure,
Il se cherche, il lutte, il se plaint, il endure !
Comme lui, mon cœur est comme une banquise ;
Il flotte, il dérive, il combat, il s’enlise !

Tombe la neige drue sur ma tête nue.
Vent du Nord ! Siffle ton chant d’hibernation,
Les branches trembleront en forêt feuillue,
Les loups hurleront fort leur désolation.

La neige fond sur mes savoureux plaisirs ;
Gèle ou enneige mes aguichants désirs.
Ô, la neige fuit mes troublants sentiments ;
Gèle ou enneige mes douloureux tourments.

« Comme la neige a neigé », dit Nelligan ;
Que mon âme chante, célèbre et guérisse !
Qu’on la parfume d’une onction, d’un onguent
Avant que la poudreuse fonde et périsse.





Tous droits réservés © Claude Lachapelle / Mars 2021


Ecrit par Claudel
Tous droits réservés ©
Lespoetes.net