Aux métiers d'antan

Où êtes-vous vieux ateliers d’antan
Qui dotiez de noblesse nos villages ?
En nul pays ne survit à présent
L’art inouï de vos précieux ouvrages.

Qu’êtes-vous devenus bouviers, bouilleurs*
Dentellières, lavandières, potiers
Charrons, ferreurs, chapeliers, rémouleurs
Barbiers, sabotiers et autres vanniers ?

On entendait galoper dans les rues,
Scier, rétamer, glousser la volaille
Quand cheminaient au lavoir en fichus
Les femmes, baquets de linge à la taille.

Les jeunes entraient en compagnonnage
Au côté expert d’un maître artisan,
Eduqués à l’effort dès leur jeune âge,
Retrouvant le soir leurs ébats d’enfants.

L’autarcie rurale était chaleureuse,
L’entraide spontanée valeur commune
Quand désormais celle-ci est bien creuse :
On laisse son prochain dans l’infortune.

La campagne d’aujourd’hui combien est seule,
Griffée de machines raclant ses champs,
Semant puis fauchant en immenses meules
Ce foin jadis qu’occupait tant de gens.

Guidée avant tout par la permanence
De gras profits en toute production,
Depuis bien longtemps déjà la cadence
N’est plus celle tranquille des saisons...

Où êtes-vous peuple des arts détruits
Qui donniez grandeur à chaque hameau ?
En vos terroirs ne demeure blotti
Deci-delà qu’un moribond flambeau.

Mais moi qui suis de votre humble lignée
Par mes grands-parents qu’obligeaient la terre,
Simplement, laissez-moi vous déclarer :
J’en tire une gloire bien plus que fière.

https://youtu.be/uD5KRgEV7BU




Ecrit par Fregat
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