La sortie




Petite vie amère, et mélancolique,
Ce soir quittée avec un bol de colchique

L’existence est si morne, et l’amour si vain,
Aucun oiseau ne chante au fouillis sylvain

Tout est fini dedans, dehors, rien ne brille ;
La mort sourit, la mort, c’est une broutille

A point d’heure, ô bouillon, fin, fou, doux nectar ;
Rien n’est faux, rien n’est vain, tout est avatar

Le gouffre est bienfaisant qui sous les pieds s’ouvre ;
En s’affaissant l’espoir renonce qu’il souffre

L’émotion s’est tarie au tartare plat,
Creusé loin dans un cœur fêlé ; corrélat :

Le chemin de Damas était blanc et vide,
L’on n’y vit jamais le moindre esprit sylphide

… Et le temps était blême, et l’azur gris-bleu
Pesait gras, lourd et Bas, sur ce triste alleu

Tout espoir aboli, toute aurore terne,
L’amour creux sonnant comme hydre de citerne,

Fade, enfin, tout est faux, survivre est abscons
En ce monde où l’on naît, l’on est des seconds



Petite vie amère, et mélancolique ;
Dans l’eau du soir : du gui, ciguë et colchique




Ecrit par Salus
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