La sirène et le scaphandrier

Un plongeur qui faisait moisson
De nacre et de burgaudine
Entrevoit, bien mieux qu’un poisson,
La plus troublante des ondines.

La sirène, sur sa rocaille,
Ne cache rien de la blondeur
De sa natte, ni des écailles
Qui parent d’éclats ses rondeurs.

Trois ondulations de nageoires
La portent tout près du marin.
- « Cet hublot est rédhibitoire,
Gémit-elle, enlaçant ses reins.

Déverrouillons votre braguette ! »
- « Ce métal, qu’on nomme scaphandre,
Emprisonne hélas la quéquette,
Et malheureusement le fendre

Me vaudrait de périr noyé…»
- « Dommage ! fait la dame d’eau,
Car j’eusse tendrement choyé
Votre peau lisse et vos abdos… »

N’aimant pas rester en carafe
Le marin crie depuis sa cloche :
- « Rejoins-moi dans mon bathyscaphe
C’est exigu, mais ça rapproche. »

- « Aquatiques, fait la sirène,
Sont les miens, plus que de raison.
Allergiques à l’oxygène,
Jamais, hors d’eau, nous ne baisons ! »

- « Pour toi, j’emplirai de cent litres
Un bocal d’où, émoustillée,
Tu admireras, par la vitre,
Ton homme enfin déshabillé. »

- « Mais que vaudra notre existence,
Franchement, dit-elle, si on
Ne peut abolir la distance
De ma queue à ton érection ? »

Tout idéal est délétère
Et rêver l’autre est adultère.
Le vrai bonheur vient aux amants
Qui restent dans leur élément.





Ecrit par Gkak
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