Sonnets d'hier et d'aujourd'hui

Pour Ombrefeuille, invisible et amie inconnue

Etes-vous ces bourgeois qui font l’amour de loin
Grâce aux romans, par le cinoche, ou dans les rêves ?
Qui s’effleurent, cathos, très purs Adam et Eve
Alors que bien baiser c’est se rouler au foin
S’ébrouer en sueur, tout ruisseler de sève !

Poète, à trop tremper ta plume en bienséance
Il n’en coule nul pleur ni émotion sentis.
Vous mentez tout du long et d’un mensonge immense,
Chaque rime de vous appelle un démenti !
Sortez de vos haikus et foutez-vous en transe !

Vos vers, mon Dieu ! vos vers, c’est telle purée fade,
Ce chyme jaune clair, grumeleux, Mousseline !
Ce que sert votre coeur n’est que pantalonnade,
Réchauffé bien souvent ou cucu-la-praline !
Nous on veut du saignant comme dans la Pléïade

Où le Poète est pauvre keum, trahi, fliqué
À bondir dans la rue, sans profil, nom ni âge,
Braquant pour une idée, serrant au tourniquet
Pour un baiser volé... ou refiler sa rage !
Vos poèmes à vous sont plats ! Si appliqués…

Si chichiteux, polis, graci-eux, salonards !
On y voit vos jardins, gazonnés, vos campagnes...
Ah franchement la vie, par chez vous, c’est bonnard !
Des chérubins s’égaient… bien sûr avec un pagne !
Au goûter, je vous prie, servez des épinards !

Secouez ces merdeux, piteux alexandrins
Attifés comme sont les ânes des Comices !
Scotchez à leur dentier le rire de Mandrin
Qu’il adresse aux Fermiers le menant au supplice !
Soyez des Coquillards, Cyranos, Tartarins
Et de frère Villon faites-vous les complices !

-_-

Ô Poètes maudits, et toi Desdichado
Pendu au même nœud que ton pote Nerval,
Et toi le roi Arthur, dit Rimb’, dormeur du val,
De loin le plus doué fugueur, génial ado,
Revenez donc ! Pitié ! Venez rouvrir nos bals !
Que sonnent vos sonnets ! Qu’ils nous bâtent le dos !




Ecrit par Gkak
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