Apologie de Xanthippe

A toi, digne Xanthippe, épouse de Socrate !
Pauvre victime d’une accusation ingrate
Lancée par Xénophon, l'ami de ton mari,
Dont la misogynie te taxa de furie.
Il niait ta raison, te prétendait mégère,
Calomnies de barbon lancées à la légère !

Athènes en ce siècle* allait vers son déclin,
Aux femmes ne s’ouvrait qu’un pénible destin,
Incultes et sans droits, bonnes à enfanter.
Or ton père t’apprit à lire et discuter.
Il refusait de te laisser dans l’ignorance
Ayant tôt repéré ta vive intelligence.

Il te grima tel un éphèbe et t’emmena
Ecouter les philosophes à l’Agora.
Pendant leurs discours tu appris avec ton frère
Qu’au contraire d’Athènes, Sparte la guerrière
Eduquait tous ses enfants, filles et garçons,
Pour le bien de l’Etat de la même façon.

C’est alors que Socrate devint amoureux
De ta jeunesse et de ton esprit judicieux.
L’histoire a retenu que trois fils vous sont nés.
Las, par les sophistes il se vit condamné,
Pour ses propos libertaires ayant déplu,
A la peine de mort en buvant la ciguë.

Si tu n’avais été capable de raison,
Le grand sage t’aurait-il prise en affection,
Allant même jusqu’à demander ta présence
Près de lui quand fut exécutée la sentence ?
Or si d’autres n’ont eu pour toi que du mépris,
C’est qu’ils n’ont rien compris à la philosophie.

Ô femme conspuée de toute éternité
Que j’aimerais enfin te voir habilitée !


* 4ème s. av. JC.





Ecrit par Oxalys
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