Le vieillissement



Difficile d’accepter le vieillissement
De s’apercevoir que l’on perd ses mouvements.
Pas forcément les gestes quotidiens des mains
Mais les actions de l’esprit aussi c’est certain.

On ne s’en aperçoit pas tout de suite, oh… non !
Tout au début, on perd la mémoire, ou sinon
Ce sont les jeunes qui vous disent gentiment
Ce n’est plus ça aujourd’hui, pas d’affolement.

Non, on ne s’affole pas, on oublie, c’est tout.
On oublie ses clefs, ou des objets par à-coup.
Un jour, on ne comprend même plus les notices
On pense alors que son cerveau fait des caprices.

Le malheur arrive plus tard en écrivant
On ne trouve plus les mots, c’est très énervant.
Surtout, quand on compose de la poésie
D’un coup, on prend conscience de son amnésie.

Heureusement qu’il y a les accoutumances
Les mouvements de tous les jours, c’est une chance.
Gestes, que nous faisons sans nous en rendre compte
Ceux-là par bonheur ne provoquent pas de honte.

Avoir honte, oui, cela m’arrive souvent
Là, j’aimerais me retirer dans un couvent.
M’isoler, me laisser vivre, vivre tout seul.
Avec mes déboires, comme les autres aïeuls.

J’aimerais partir dans un monde évaporé
Ou il n’y aurait pas de terne logorrhée
Seule l’écriture serait reine pour moi,
Moi, qui serais seul avec mon cœur en émoi.

Je pourrais écrire de beaux alexandrins
À l’infini chaque jour du soir au matin.
Maintenant, j’ai oublié pourquoi ici j’écris
Je ne sais même plus le but de mon récit.

Alors, s’il vous plaît ne riez pas du quatrième âge
Vous savez ceux que l’on surnomme des sages.
Moi je ne le suis pas, c’est certain, pas encor.
J’ai toujours le temps de modifier le décor.

À ce moment précis, je dois me souvenir
Pourquoi continuer comme un vieux con de souffrir
En cherchant toujours le titre de mon poème
Eurêka ! Je trouve enfin ces mots… Je vous aime !

Daniel Lefebvre


La sagesse des vieux classe ceux-ci parmi les philosophes.

Ecrit par Lefebvre
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