Aux pieds du bateleur
Ô mon ami poète !
Les voilà repartis...
Enfin en tête à tête
Nous sommes réunis...
Je sais, tu préférais
Voir des danseuses nues !
Les chagrins, les regrets
N'étaient pas bienvenus...
Mais que veux-tu mon frère ?
Le monde suit son cours
Sous l'ombre des visières
Peu d'hommes voient le jour
Mais toi tu aimais l'art
D'improviser la vie
Incarnant tes espoirs
Les pieds vers l'infini !
Étienne, Étienne
Étienne, Étienne...
Te savoir si tranquille
Me fait vraiment bizarre
C'est comme si Churchill
Avait cessé d'y croire !
Toi qui te baladais
Avec des vers aux bottes
A présent tes sujets
C'est eux qui te tricotent...
Fumant devant un nom
Qui ne te connaît guère
J'ai mémoire du front
Qui inspirait la mer !
Je t'en veux, sache-le !
De me laisser au sol
Parmi les comateux
Porteurs de parasols !
Étienne, Étienne
Étienne, Étienne...
La beauté, toi et moi
Étions inséparables !
Autant que l'embarras
Du cul de nos comptables !
Que l'on s'amusait bien
A agacer l'ennui
En délivrant les mains
De leurs tristes manies !
Notre seule ambition
Était d'aimer la terre !
Les cieux de promission
Les femmes au cœur sincère !
Coincé entre deux dates
Tu as l'air ridicule...
Toi qui face aux cravates
Te prenais pour Hercule !
Étienne, Étienne
Étienne, Étienne...
Te voilà allongé
Plus droit qu'un candélabre
Finalement rangé
Sans la moindre palabre...
A moins que tu n'enroules
Les moustaches de Dieu
Aux puissances des houles
Au pays des heureux !
Dans ce cas, attends-moi
Avant de voir l'enfer !
Je sais que tu suivras
Le bon goût du mystère !
Nous irons déplumer
Le doux sexe angélique
Et sauverons des piques
Les pauvres condamnés !
Étienne, Étienne
Étienne, Étienne...
Les pompeux jugements
Nous le savions tous deux
Ont peur du mouvement
Des amours généreux !
Pour ce qui est des mots
Que tu as essaimés
Je les prends sur mon dos
Pour les faire voyager !
J'irai chanter ce soir
Nos folies aux pénombres !
Provoquant les miroirs
Qui te faisaient de l'ombre !
Car nous sommes poètes
Cigales en visite
Et nous faisons la fête
Quand l'un de nous nous quitte !
A mon mentor, feu, Etienne Rerolle
Ecrit par Tomdubor
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