Arbres urbains


Ils tendent sur le mail leurs moignons tumescents
Réduits à n’engendrer qu’une improbable feuille
Ils ont eu, à grand frais, leur coupe de printemps
Afin d’être, à la ville, une source d’orgueil
Ces platanes condamnés à d’éternels tourments.

L’œil s’étonne à saisir, sur le trottoir étroit,
La ligne de poteaux savamment écourtés
Aux normes de la rue, à la hauteur des toits,
Ces mornes bouleaux blancs priés de s’emboîter,
Attristent le regard tout autant qu’une croix.

Les chênes à genoux sur leurs racines nues
Supplient de leurs membres amputés un ciel vide.
De ces rois couronnés, ils sont le résidu,
La victime humiliée d’une cognée perfide,
L’oiseau lui-même fuit ce perchoir exigu.

Ô marronnier intrus dont l’épaisse ramure
Accueille la vermine et souille le gazon,
Ton vénérable bois, en milliers de brisures,
Sera valorisé car, sans te faire affront,
Tu seras plus utile à réchauffer nos murs.

Arbres urbains au pied baignant dans le goudron,
Platanes équarris de l’école militaire,
Hêtres souffre-douleurs d’affligeants bûcherons,
Survivants des néons, du bruit, de la poussière,
Pour le citadin vous n’êtes que des jalons.


Ce poème, si cela en est un, est tiré de mes observations personnelles.

Ecrit par Cardaline
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