Danse orientale

La pénombre est remplie de voiles sang et or
Et de lampes cuivrées,
Sur les tapis profonds les couleurs sont couchées
Comme un fauve qui dort.

Le silence est gonflé de parfums capiteux
Et de lueurs mobiles,
La flûte fait monter les prémices subtiles
D'un refrain langoureux.

Vêtue - parée plutôt - d'un pantalon bouffant
Porté bas sur la hanche,
Elle fait son entrée. Tout vers elle se penche,
Tout s'arrête et attend.

Ses jambes sont un feu né du sable sans fin
Où couve un long murmure,
Un éclat de la lune ondule à sa ceinture,
Vertige est son bassin ...

Son buste est presque nu, ses bras, tels des serpents,
S'enroulent sur le vide,
Au chant des tambourins et d'un hautbois acide,
Obsédants, lancinants.

Un étranger est là, seul, assis à l'écart,
Jusqu'à lui elle glisse,
Elle est danse et fumée, lointaine et séductrice,
Mirage est son regard ...

Contre lui renversée sans jamais le toucher,
Elle est souffle à sa joue,
Il sent près de son torse une épaule qui joue
Sans même l'effleurer.

"Je suis le puits du jour, les dromadaires lourds,
L'ivresse des épices,
L'oasis, le palais où les amants complices
Cherchent le fond des cours.

Je suis la nuit cachée aux dunes du désert,
Que nul ne peut surprendre,
Viens au creux de ma tente et je saurai t'apprendre
L'ailleurs où l'on se perd.

Et toi, fugace étoile issue des quatre vents,
Es-tu homme, es-tu rêve ?
Révèle-moi pour qui tu conserves ta sève
Et tes secrets élans ..."

Ainsi parle la flûte et dans l'air saturé,
Le cri du hautbois scande
Ce ventre presque offert qui - dirait-on - demande
La faveur d'un baiser.

Il est tendu, soudain, espérant enlacer
Cette peau tiède et vive ...
Mais d'un seul pas léger, rapide elle s'esquive,
Le laissant désarmé ...




Ecrit par Ombrefeuille
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