De Charybde en Scylla

Une pluie de perles ruisselle
De l’amas de glace bancal
Qui se liquéfie et chancelle
Dans un arc-en-ciel tropical
L’océan gelé se morcelle

Dans les profondeurs émeraudes
Ils agitent leurs ailes blanches
De fantômes qui baguenaudent
Ils se déploient et se déhanchent
Les sacs plastiques en maraude

Sur l’eau glisse un poisson géant
La tête maillée d’un filet
Il court sans vie les océans
Ceint de son cruel corselet
Vers les eaux sombres du néant

Elle erre éperdue d’île en île
Pour aller pondre ses œufs morts
Au versant des rives hostiles
La tortue qu’un cancer dévore
Affronte son dernier péril

Insolite au cœur des ordures
L’ourse fourrage sans façons
Maculant sa blanche fourrure
Pour nourrir ses maigres oursons
Qui n’ont de la vie que morsures

Au bord du golfe de Bengale
Les enfants jouent dans l’eau fangeuse
Où les détritus font escale
Sur cette boue vertigineuse
Ils rêvent d’une eau de cristal.



Ecrit par Cardaline
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