Lourdement taxée

Imagination, victimisation ?
Je me sentis un jour si lourdement taxée
Que je me résignai à abandonner le terrain...
Mes poèmes, mes commentaires ne faisaient plus mouche :
J'eus le bourdon !
De gifles en soufflets, de quolibets en railleries
Je me sentis si diminuée que j'affalai mes voiles roses
Et mon esquif s'en fut, désemparé, prêt à naufrager
Où étaient passés l'amour, l'humour et la gaieté
Qui jusqu'ici soufflaient sur mes voiles ?
Disparus, envolés
Reviendraient-il jamais ?

Ainsi sape- t' on ( Oh, ça se peut-il?)
Le moral des élèves médiocres
Mais qui aspirent de toute leur force
A se hisser au niveau des meilleurs de la classe...
Las, mes certitudes, ( pour autant que j'en eus de solides )
Chancelèrent sur leur socle déjà branlant
Et je m'effondrai piteusement : les ans en sont la cause !

Trop d'impôts tuent, autant que le tort !
Oui, le tort tue et l'on me chargea de tant de torts !
Je fus taxée de
Trop de bienveillance
Trop de sollicitude
Trop de « miévritude » !
Je connus les affres de la solitude
Et me repliai telle une cistude dans sa carapace...
( Seuls les aigles volent en altitude!)
Moi, je ne suis qu'une humble tortue terrestre
Et que de torts j'eus !

J'avais, dans mes écrits, tant parlé des produits de la terre
Que l'on m'administra la Dîme sans oublier le Cens
Cela n'a pas de sens, me direz-vous,
Oui, je fus traitée injustement !
La Taille ne m'épargna pas, vous pensez bien !
Taillable et corvéable à merci, je le fus, sans piper mot
C'est bien mon tort, je l'avoue humblement !
Pour ménager la chèvre et le chou, je manque de niaque
De répondant, j'esquive, j'atermoie, tant pis pour moi !
On ne respecte sur notre terre que les forts, aux mots délétères
Aux réponses vives et cinglantes...Ma douceur m'a perdue !

La Corvée, je n'en fus point exemptée, vous pensez bien
Et j'eus la naïveté de croire qu'on m'en saurait gré !
« Marcek : quelle naïve tu fais » , me clama t' on souvent au tympan
Et je me fis sonner les cloches car je ne vois pas plus loin
Que le bout de mon nez !
Tant pis, il est trop tard pour que l'on me change !
Trop tard, trop tard, dites-vous ?
OUI !
Même mon grand âge est un handicap terrible
Savez-vous que je n'ai pu échapper aux « Quatre vieilles ? »
Impôt qui succéda, comme on le sait hélas encore de nos jours
A la Foncière, à la Mobilière et à la Professionnelle !

M'appelant Michèle, j'échappai tout de même à la Paulette !
OUF
Ne manquant pas de sel dans certains de mes écrits...
Vous pensez bien que la Gabelle fut pour moi !
Bref, mes amis, je pars d'ici, rompue de coups
Assassinée et dépouillée de mon argent...
...Et de mes illusions !

PS : heureusement que nous vivons au temps de Macron, sinon, au temps de Louis XIV j'aurais eu droit à la Capitation si proche de la décapitation ! J'en tremble rétrospectivement !


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La Dîme portait sur les revenus agricoles et les terres. Au + fort sur les profits élevés (orge, blé, vin) et au + bas sur les fruits et légumes mais jamais sur les terres d’ordres religieux<br />
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Le Cens était une redevance annuelle due par le tenancier d’une portion de domaine à son seigneur (1 à 5 % du revenu du domaine). Il pouvait être perçu en argent, en mesures de grains, en œufs, en volailles…Il fut aboli à la révolution française.<br />
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La taille fut créée pour aider l’armée permanente. La taille personnelle se basait sur le revenu des roturiers, la taille réelle sur les biens. Cet impôt est connu par l’expression taillable et corvéable à merci.<br />
La Corvée était une aide due au seigneur par les serfs<br />
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Les « Quatre vieilles » fut créée sous le Directoire selon les signes extérieurs de richesse des habitats (portes et fenêtres). Ce fut la quatrième après la Foncière (frappant sur le revenu net des terres et maisons), la Mobilière (basée sur la fortune personnelle) et la Professionnelle (pour les commerçants et industriels)<br />
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La Paulette dûe à l’instigateur Charles Paulet secrétaire de la Chambre du Roi (Henri iv) et apparue en 1604. Pour qu’un officier de justice ou de finance (fonction publique de l’époque) dispose pleinement de sa charge et pour que celle-ci passe à ses héritiers, en cas de décès, il doit payer au roi tous les 9 ans…la Paulette.<br />
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La Capitation.. institué pour financer les guerres menées par Louis XIV, cet impôt « moderne » touchait également les nobles . 22 classes furent établies allant du dauphin et des princes de sang jusqu’aux manœuvres et soldats. La taxe allait de 2000 livres pour la 1ère classe …. Et 1 livre pour la 22ème classe.<br />
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La Gabelle était l’impôt sur le sel<br />
Le Quart-Bouillon était aussi l’impôt sur le sel en Basse-Normandie car dans cette région, il fallait verser ¼ de sel au trésor du roi (après traitement par ébullition et non par dessèchement comme dans les marais salants


Ecrit par Marcek
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