Urgence


Je n'ai plus le temps d’écrire,
Les afflux du quotidien
Comme sa foi le Titien,
Me torturent, mais le pire :
- Je n'ai plus le temps d'écrire !

Tout ce qui me reste à lire,
Qui s'entasse, fait de l’œil
À mon cerveau, sur le seuil
De mon bureau - quel délire !
… Tout ce qui me reste à lire !

Après le vers je soupire,
Mais s'écoule chaque mois
- Qui fuit - véloce chamois,
Sans que sonne assez ma lyre ;
Après le vers, je soupire !

C'est le temps sur qui je tire
(Quelque heure rare, à Chronos)
Qui me fait vivre, mais l'os :
Pas un seul créneau – que dire !
C'est le temps sur qui je tire !

Sachez-le, charmante Elvire,
Si je vous délaisse, enfin...
Que je souffre ! avec ma faim,
Sur le rocher de la vire
- Sachez-le, charmante Elvire !

L’escalade nous déchire
Toute occurrence au présent
- Face nord, qui se pressant
Dangereuse, comme cire ;
L'escalade nous déchire !

Vivement qu'on meure, sire !
Dans la grande éternité
Mon cadavre - un peu mité
Se pourra la plume élire...
- Vivement qu'on meure - sire !




Ecrit par Salus
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