Le haret et la geline.

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C’était un gros chat aux poils blancs
Hérissant l’échine, griffant les bancs.
Avec l’âge râleur et bien chagrin.
Dans sa jeunesse, il jouait le malin
Les mulots filaient dans leur trou
Les moineaux d’une volée de ce matou
Se gaussaient dans les branches d’arbre.
L’ire du caïd les laissait de marbre.
Il faut avouer qu’au bagarreur des bacs à sable
On avait coupé les choses, acte méprisable
Que sa jolie frimousse ne suffisait pas
A honorer les minettes sympas.
Il se nourrissait donc de rage
Se sustentant de tendres souris en mirage.

Sur le tard, le blanc-bec devenu fort aigri
Des rares et modestes succès, se fit ami
Avec une geline jalouse de son havre.
— Hep là, Mistigri, fit-elle un jour. Il me navre
De voir vos velours piétiner mes vers
Et ma paillasse comme un pervers !
Je ne suis ni dinde, ni pigeonne
Et reste en mon territoire, la patronne.
Siamois de gouttière, arrogant comme un pape
Le félin voulut donner la réplique d’un satrape :
— Ne suis-je point votre roi et vous ma conquête ?
« Suffit de votre bassecour, allez faire la tête
Loin de mon oasis de paix.
De vos maux, ne serai pas le portefaix.
Et n’oubliez pas votre fer à friser la moustache !
Le haret miné quitta ainsi ce monde sans panache.

Il suffit à sa poule de lui pomper l’air
Qu’elle vous congédie en un éclair
Avec les notes de frais
Les silences et les soupirs.




Ecrit par Ann
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