Pollution




Couche à couche, louche et moche,
Le déchet choit et s'arroge
La prime place au vieux sol

- Dans l'eau fuit le diphénol -

A l'air aigre où s'évapore
Le vent, l'on hume la spore
Irradiée au poison
Produit partout à foison
Dans la centrale électrique
Où tout claque, grille et clique !

Et l'entier suc du plastoc
Dans la glèbe, sous le soc
De la charrue ensemence
La récolte qui commence,
Dans le brut et le fumier,
A pousser, près du hallier
Dont les buissons dépérissent,
Où les pieds d'arbres pourrissent
Sous l'action de métaux lourds
Saturant mares et gours.

Et la particule insane
Fait qu'enfin toute fleur fane
Dans l'orde prairie éteinte
Que de suie on dirait teinte !

De plus, l'effet de chaudière
Active la pétaudière
Créée au vert paradis
Dont les veines, bras raidis,
Coulent d'une eau dégoûtante
Qui nulle soif ne contente !

Dans les gouffres les bidons
De nos nucléaires dons
Répandent les isotopes
Fleurs de très lointaines aubes
Carnivores des futurs,
Les radieux matins purs
Légués à nos descendances,
Ces fosses de nos aisances
Débordant de déjections,
Qu'abominables actions,
Nous abandonnâmes là
Préparant le Walhalla
De quelques écologistes
Morts en des combats si tristes
Contre le temps et les sots,
Contre l'argent des réseaux
De la mafieuse industrie
Qui grossit – pendant qu'on trie -

...Or plus haut que le gaz bleu
En des sifflements de feu
La stratosphère décharge
Ses bouts d'acier au grand large
Du ciel mortel et criblé
De grains gros comme du blé
Arrachés à ces cohortes
De satellisations mortes
Mises là pour le besoin
D'anciennes guerres (de loin)

Puis, dans tout ce que l'on mange,
Poireaux civet, poulet, tranche
De pain, l'on trouve : Glycol,
Pesticides et formol !

Là, la nappe phréatique
Sourd des miasmes du phtisique
Ici, gluante, la mer,
Semblable aux flux de l'enfer,
Roule sa vague puante
Sans un poisson qui ne hante
La bistre et flaccide poix !

Plus d'oiseau dans ces endroits,
Nul beau limbe dans l'écume
Trouble ; l'eau fondue en brume
Ne recèle aucun reflet :
Tout est mat, verdâtre et blet !

Le désert même agonise
Dans une âpre pyrolyse
Due aux ingrédients stockés
Stupidement intriqués
Qui mélangent leurs ferments
- Malgré de pieux serments -

Nulle forêt qui ne meure...
De discours qui ne soit leurre
Chez nos dirigeants véreux
Irresponsables et creux !

Le vaisseau-planète coule
Dans l'épouvantable houle
D'huile larguée à ses flancs
Par ses capitaines blancs.

Et l'ignoble dégazage
Emportera cette page
Arrachée à l'univers
Par nous, minuscules vers.











Ecrit par Salus
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