L'été immobile

L'aurore n'a pas eu le temps de s'arrêter
Et de rêver un peu au bord de la fenêtre,
Le soleil dans un ciel sans reflets va paraître,
Monter, plein de superbe, et, tout de feu, régner.

Le seuil attend midi, l'heure où dans le jardin
Sans un souffle s'assied la lumière immobile,
Sans un soupir s'éteint l'herbe jadis gracile,
Où la poussière éclot quand se meurt le chemin.

L'air brûlant s'alanguit aux ruisseaux assoiffés,
L'ombre s'est retirée dans le puissant silence
De la forêt profonde, et sous l'azur immense
Les talus sont couchés près des champs desséchés.

Le vol des bourdons lourds vrombit avec lenteur,
Tout se tait au-dehors dans l'haleine éblouie
De la terre, et se tait la maison assoupie
Qui serre entre ses murs un reste de fraîcheur.

Voici que le lointain enfle, gronde et répand
Des lueurs déchirées qui griffent les nuées
Où pèsent sombrement les pluies longtemps gardées
Et libérées soudain dans l'instant fulgurant.


Deuxième volet, après "L'aile du printemps", du cycle des "Quatre Saisons" et accompagné, tout au long de son écriture, par l'écoute des "Quatre Saisons" d'Antonio Vivaldi. Une œuvre archiconnue, certes, mais inépuisable et dont la grâce et la force n'ont pas pris une ride …


Ecrit par Ombrefeuille
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