Vive les fous

Pendant l'évolution, un jour des plus funestes
L'homo sapiens comprit que la mort s'en venait
Pour tout être vivant, quel que soit son trajet
Qu'il soit bon ou blessant, prétentieux ou modeste

Seul animal conscient de ce destin terrible
On l'a vu inventer, aux quatre coins du monde
Des dieux et des royaumes prenant le sort pour cible
Disant tous, plus ou moins, que l'âme vagabonde !

Après quelques massacres, pour l'art et la manière
De confier sa vie aux divins règlements
On a vu disserter certains grands renonçant
A l'éternel espoir et aux nobles prières 

Depuis, tous les matins, devant le temps vorace
Chacun croit ce qu'il veut, ou plutôt ce qu'il peut
Qu'il soit en dépression, dans le doute ou en grâce
Mais on sent bien au fond que des pieds aux cheveux :

« Nous sommes fous, fous, fous !
Complètement fous, fous !
Qu'on soit brebis ou loup
Sur le trône ou à genoux ! »

Que l'on soit président, recteur ou gigolo
Qu'on soit dans la survie, qu'on ait les poches pleines
Que l'on soit philosophe ou parfaitement sot
L'inconnu nous écrase de toute sa bedaine !

Des idées solitaires tournent dans nos cortex
Des créations abstraites, des logiques de fer
Ce que l'on sait façonne nos choix et nos réflexes
Résultat le bordel se porte bien sur terre !

Car l'ignorance armée par l'individualisme
Conduit les fils d'Adam du berceau au cercueil
La loi du plus salaud semble être un juste prisme
Pour comprendre le jeu d'ici-bas sans écueil

L'amour assujetti par la valeur marchande
Se traîne à quatre pattes et lui lèche les pompes
Alors que l'éléphant, faisant sonner sa trompe
Interpelle nos cœurs et sans cesse nous scande :

« Vous êtes fous, fous, fous !
Complètement fous, fous !
Vous creusez votre trou
Votre empathie bande mou ! »

Et moi même impuissant, prenant part aux ébats
De l'humaine comptine avec la vésanie
Je tiens, sans rouspéter, la queue de pôle emploi
Plus fauché que les blés, la guitare en appui !

Dans le joyeux marasme qui ne fait que grossir
Je caresse les mots en observant le foutre
Du règne de l'utile et à mon bon plaisir
Cherche sur le rivage de quoi remplir mon outre !

Sous la voûte du ciel où voguent les nuages
Qui ne sait point aimer vit dans un vrai désert !
Il n'est guère étonnant qu'on y voit que mirages
Le problème est navrant quand un peuple s'y perd !

Les armes sont vendues avec bonne conscience
Par nos chères nations à l’orgueil imbécile !
N'est-il pas évident, devant tant de démence
Que l'on veuille chanter d'un refrain infantile :

« Vive les fous, fous, fous
Qui croient encore en nous
Et qui trouvent le goût
De nous ôter les poux !

Vive les fous, fous, fous
Qui font tourner la roue
D'un espoir des plus doux
Qui peut sauver les fous ! »




Ecrit par Tomdubor
Tous droits réservés ©
Lespoetes.net