La chasse



De clairière en vallon, de colline en ravin
L’écho de la battue multiplie les appels
Animés d’un grand zèle ils sont quinze, ils sont vingt
Ils chassent connectés, équipés de jumelles

Ronflent les moteurs et claquent les portières
Le convoi s’ébranle, vibrant de frénésie
Dans une procession exaltée et guerrière
Où l’on voit miroiter le canon des fusils

Les éclairs orangés de leurs feux de détresse
Décuplent leur folie sanguinaire et vénale
C’est un long cortège dans les clameurs d’ivresse
Qui s’élance à l’assaut d’un craintif animal

Soudainement le val carillonne et aboie
La nature frémit et les chiens s’exaspèrent
Le destin a marqué un vieux cerf aux grands bois
Qui s’enfuit ignorant des progrès de la guerre

Il court droit devant lui vers le bois protecteur
Mais le réseau high tech déploie son arsenal
Le danger est partout ; les yeux pleins de terreur
Il galope au devant d’une mort déloyale

Dans la ronde enragée des pointers inutiles
Face aux douze tireurs disposés lâchement
Sous l’impact précis d’un unique projectile
Le beau cerf s’agenouille et s’étend dignement

Ce poème est le témoignage d'une scène de chasse que j'ai observé, le coeur serré.

Ecrit par Cardaline
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