Temps

Il est tard, maintenant, il a plu,
pellicule de silence...
L'automne tranquillise tout,
même les peines.
Dans les racines de la grisaille,
il ne reste que les fumées qui
à l'aube s'écrasent à terre.
Le monde se rêve,
les yeux ne voient rien. Juste un grand sol
reflet exact du ciel.
Ici
ça sent l'encre des histoires
de Sand ou des poètes.
Ici
le val s'installe, tu humes les arbres,
et tu comprends le mensonge:
ils n'ont pas de nom, pas de couleur,
elle passe sur eux pour faire surgir
de la blancheur une mémoire.
L'arbre est en-dehors,
il n'y a que
le temps en toi.
Toi tu es dedans,
dans le temps,
droit dans l’air, possédé
par la lumière
plus fugace que l'arbre
juste une apparition
un peu de terre et d'eau
tu ne connais pas le monde
trop occupé à dissoudre
le patrimoine de ta vie.
Tu expires avec le sentiment
d'avoir duré un peu
avant que toute mémoire
des choses s'efface:
des troncs dans les nuages,
les grottes dans la roche,
fleuve et forêts
traînant les hommes et les bêtes,
et tes villes,
te rappelant quelques apparitions
et l'amertume, le silence
d'une longue solitude.
Tu emportes le seul irréel
que tu as crée
pensant faire surgir
dans la pâleur du monde
un peu de vert
de ta voix bleue.





Ecrit par Joelkerdraon
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