Un jour



Un jour que j’étais né, comme un milliard de frères,
D’une chair arrachée à tous les vents contraires,
Un jour qu’on m’avait créé,
Dans l’existence sacrée ;

Je n’étais pas, je fus ! à l’immense appel d’air,
Au feu très vite brûlant, seul - par quel dahir ?
Quel décret de quel dieu que
Je tirais, de par la queue !

J’enfonçais dans l’enfance un pan de temps précieux,
Et je forgeais, mystique, un beau précis des cieux !
(J’imaginais des novæ,
Mais je n’ai rien innové...)

J’ai vécu ! L’on me vit filer de jeunes fièvres
Où venaient s’engluer des gueuses, des Guenièvres ;
Curieuses enfants des fées
Prises au vent des effets

Sonores de la soie alchimique du moi
Que je tendais, naïf, telles les mains l’émoi ;
Mais la tendresse est piégée,
Et m’a trop tard assiégé…

° ° °

Tout d’un coup, j’étais vieux, j’avais passé ma vie,
Ma jouvence s’était d’elle-même ravie.
- Avez-vous vu la jeunesse ?
Quelle étrange flèche était-ce…

Honnêtement, je mens, je mens (tombe le froid) ;
La vérité ? Si lentement que le vent soit,
Sa saute, un trou plus qu’abrupt,
C’est le dernier coup du knout !




Ecrit par Salus
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