Town by night

La lune s'est levée, la ville s'engourdit
Dans la rumeur du temps où le fleuve accroupi
Boit la voûte du ciel où se meurt l'infini.

Le pont paraît lancé à l'assaut de la brume,
Aux lampadaires nus dont la lumière fume,
Mes pas vêtus de froid sont des copeaux d'écume.

Les quais sont piquetés d'un vague tremblement,
On dirait le silence échappé du courant
Et des larmes tombées des écharpes du vent.

Du lointain monte alors une masse plus dense
Qui semble manger l'ombre où son ventre s'avance,
Entre l'onde frileuse et son abîme intense.

La péniche est passée, lourde et chargée de nuit,
Le bruit de son moteur plonge, s'en va, s'enfuit,
On croirait qu'un néant le guette et le poursuit.

Comme un phare, là-bas, flotte la cathédrale,
Et se pressent les rues que leur tumulte avale,
Monstre partout caché, mouvement qui s'étale.

La pierre et le béton ont cette dureté
De l'instant solitaire, épris de liberté,
Oublié sur un banc, ivre depuis l'été.

Je rentre en mon logis, entre les toits me hâte,
Car je vole au-dessus du pavé qui éclate ;
Je vais me réveiller … Quelqu'un sait-il la date ?



J'ai trouvé très "fun" de poster ce poème le jour d'Halloween :)
La ville a toujours été pour moi un univers assez fantastique. Elle le demeure, et c'est tant mieux pour l'inspiration ;)


Ecrit par Ombrefeuille
Tous droits réservés ©
Lespoetes.net