Plastique

Dans la mer océane où le poisson est libre,
Un mal ronge en ces lieux où la fosse est profonde ;
Dans ces entrailles où le calme et l'équilibre
Sont fragiles circule un polymère immonde.

Il attire le krill, il appâte le thon ;
Ce vil synthétique au visage multiforme
Souille la Terre et l’eau, car c’est un grand glouton
Vorace tel un ogre affamé et difforme.

L’intox et le plastoc du lobby d’emballage
Se multiplient comme une épidémie virale ;
Les maîtres pensants au gré de leur tripotage
Nous font croire à leur foi véreuse et commerciale.

L’industrie produit, prend son gain, vend et revend ;
C’est la mer au rabais, l’océan du discompte !
L’homme consomme, jette et rejette à tout vent ;
Prime et bonus drainent l’usufruit de l’escompte !

Métaux rares venus du centre de la Terre,
Plages ionisées, chargées de lithium ;
Eau irradiée de pollution délétère,
Poissons morts ventrus et gonflés d’iridium.

Littoral résineux de gommes synthétiques,
Enfants pieds nus marchant sur des tas de scories ;
Continents globaux de suints et déchets septiques ;
L’homme, est-il conscient de ces bizarreries ?

Le passage étroit et nu de l’humain est bref,
Il s’enfonce dans un gouffre noir et profond ;
Un sanctuaire ici-bas l’attend dans la nef
Pour le condamner en ce lieu, dans ce bas-fond.

L’homme est piégé dans sa légère gravité,
L’humain s’est piégé dans sa gravité légère ;
Est-il passé outre devant sa liberté ?
Il s’est condamné à la peine prisonnière !

Il faut savoir quitter le caucus du parti
Quand l’environnement devient nul et banni ;
Il faut savoir donner l’espoir aux citoyens
Quand la vérité est révélée aux humains.

Les pieds dans le plastic, je dors, pleurnichant comme
Pleurerait un enfant ; ainsi, je fais un somme
En rêvant chaudement. Et pourtant, j’ai si froid !
Fragile et inquiet ! Les yeux rougis d’effrois.




Tous droits réservés © Claude Lachapelle / novembre 2018


Ecrit par Claudel
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