Quelqu'un derrière la porte?

Une histoire de fous.


Qui frappe à la porte
A cette heure morte?
J'ouvre et n'y vois rien
Qu'un masque incertain,

Spectre furibond
Aux lésions intenses,
Ton langage abscons
Sent la défiance.

« Je suis ton passé
Recouvert de brumes,
Je suis ton portrait
Au teint d'amertume,
Tu volas mon nom
Au long des années,
Piètre usurpation,
Vaine fatuité ».

Tout ce que je sais se fâne comme les feuilles
Déchirées par les griffes des grands vents austères,
Tout ce que je veux a fondu dans le désert
Où défilent les mirages de mon orgueil.

Qui frappe aux fenêtres
De ses doigts de lune?
Sont-ils plusieurs êtres
Aux frayeurs nocturnes?

Des alter-ego
Tombés du tarot,
Arlequins idiots,
Un lynx sur le dos.

“Nous sommes les pions
De ton échiquier,
Pauvre cervelet
En ébullition !
Tu nous enfermas
Au fond d'un grand puits
Croyant, scélérat
Rester seul, uni”.

“Nous sommes venus dans la nuit de la vengeance
Ecarteler les rêves de ta suffisance,
Avais-tu oublié drapé dans ton mépris
Que le monde est né d'une curieuse folie ?”.

Qui brisent les portes
De mon âme torte?
Tes amours d'antan,
Banal Don Juan !

Contemple la ronde
De ces vagabondes
Que tu as soumises
A ta convoitise,

Qui étaient pourtant
Filles des aurores,
Parfaits diamants
Nés des météores,
C'étaient les symboles
De l'amour divin
Et puis tes idoles
Sans un lendemain...

“Maintenant sorcières, maudissant l'innocence,
Cette flamme ardente qui nous a consumés,
Nous revenons des marais de ta vanité
Rappeler tes outrages et ton indécence”.

Je frappe à la porte
De ma maison morte,
J'ai perdu la clef
D'un précieux coffret,

Siège des mémoires
De toute l'histoire
De l'humanité
Qui s'est égarée,

J'en avais la charge
J'en étais la targe,
Pauvre sentinelle
Privée d'étincelles
Car sans ce passé
J'ai tout oublié
Mon identité
Et ma vérité.

Je frappe à la porte,
J'ouvre et n'y vois rien
Qu'un reflet lointain
Que le vent transporte
Circulant en vain
Du soir au matin,
Cherchant son image
Sur mon blanc visage.
Et puis, d'autres viennent
Réciter l'antienne,
Ces gardiens sans âges
Et leur vain ramage:
“Tous nous attendons
La révélation
Derrière une porte
Qui restera morte”.




Ecrit par Banniange
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