Le bal des cochons

Le concierge bulgare a craqué du haut de sa chevelure
qui lui sert de débris. La pression grandiose, pareille
à un ascenseur devenu fou, dans la cale du matin
s'est propagée sur les épaules de deux rivaux de toujours,
au bas mot depuis dix ans, dirons-nous. Histoire de cris de cochons
poussés sans gloire, histoire de sifflements festifs sans moise,
perdus dans le hall d'un pavé cossu de Berne.
Cinq sacs remplis d'excréments de châtons, découverts devant l'entrée Kasperkov et la situation a empiré d'un but !

Monsieur Kronenberg était un homme sans histoires,
valeureux père de famille, originaire du canton d'Appenzell,
modeste physicien à l'allure de prophète, jusqu'au jour
ou il menaça notre concierge bulgare, désormais familier
au lecteur en immersion totale, armé d'un tournevis,
censé tournevisser...Mais l'affaire prit une autre tournure
sous la gorge de Kasperkov, binoclard frisant la cinquantaine,
entraîneur de football entre deux coups de balai,
propriétaire de deux splendides plantations d'environ 1m80,
Olga et Kalina, et d'une femme qui n'est pas sans rappelé
la défunte Ceausescu, tant par son influence nauséabonde
que par ses cris stridents, hurlements de louve éprise
dans la dard de la nuit.

- Dixit un témoin préférant rester anonyme -

Mais revenons d'un pas mesuré vers ce conflit de vieux cochons,
l'un grogne l'autre siffle,
l'un expose devant la porte de son ennemi des litières d'excréments,
l'autre empresse Ceausescua dans un canal coquin.

Monsieur Kronenberg menace donc Monsieur Kasperkov
à l'aide d'un tournevis armé jusqu'aux dents, et voilà que…
N'oublions pas, dans un excès de fièvre, l'épouse de Kronenberg,
Vinka, ancienne basquetteuse slovaque, détentrice de châtons
aux actes imprévisibles. Son expression redoutable a réduit
en poussière le chien de Kalina, maudite espèce qui l'a mordue
au mollet. Depuis la bête a disparu dans un mystère de brume.

- Dixit un témoin qui, depuis, a disparu de nature étrange -

Mais revenons à nos cochons, au tournevis employé
dans la périphérie nord de Berne, un jour de grâce et majestueux été !
Le concierge bulgare a craqué du haut de sa chevelure
qui lui sert de débris. Son balai a frappé la tête du pauvre
Kronenberg, évanoui par la puissance du choc.
Il a du voir quelques étoiles s'embouteiller dans le vide,
puis reprendre leur ascenscion sous le ciel écarlate.

Le chien et les châtons, en ce moment sans queue,
dansaient un air endiablé à en perdre la tête.









Ecrit par Domagoj sirotinja
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