Infranchissable


Petit je craignais les avions,
Ces monstrueux oiseaux de fer,
Leurs sourds et longs cris de dragon
Qui parfois déchiraient les airs.

Les miens ressemblant aux oiseaux,
Volaient sans troubler le silence
Ni la ceinture de ruisseaux
Qui enrubannait mon enfance,

Car j’en confectionnais bien sûr,
Dans un papier lisse tout blanc
Qui filaient tout droit vers l’azur,
Leurs ailes pliées sur le vent.

Par l’étude j’ai pu saisir
Plus tard l’art de leur suspension,
Comment ils pouvaient s’affranchir
De la Terre et son attraction

Grâce à la technique inouïe
Et la puissance des moteurs,
Celle d'un pilote qui lit
Le bloc occulte des compteurs.

Mais en vain mon crâne argumente,
Ma peur d'enfant reste plus forte,
La vue des tarmacs m’épouvante,
Jamais je n'irai vers leurs portes !




Ecrit par Fregat
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