Sur le tombeau de Hérédia

Près du sombre bois rouge où passe un sansonnet,
Sommeille ta modeste et simple sépulture.
Le printemps qui fraîchit y peuple une nature
Qu'un soleil assoupi se plait à façonner.

On croit sentir ici rêver et frissonner
Ta lèvre qui redit les Dieux, la mâture
Du galion, la nuit du môle sous l’Arcture,
Ou l’Ajax interdit de ton dernier sonnet.

Fier chantre, revenu te fondre dans l’intime
Linceul de l’herbe drue, la Seine-Maritime
Te couvre de silence et de feuillages verts ;

On jurerait pourtant qu'au ciel de Bonsecours
Un air frémit encore, où fuient d’un libre cours,
Sous le bel if en fleur, tes ineffables vers.


NB : ce poème est un hommage à l'écrivain franco-cubain José-Maria de Hérédia (1842-1905), que je tiens pour le plus grand de nos poètes. Sa tombe se trouve dans le joli cimetière de Bonsecours dans le département de la Seine-Maritime, sur un coteau dominant la Seine et non loin, donc, d'un petit bois. A noter que les rimes en "ure" sont largement empruntées à son sublime sonnet : "Le Naufragé".

Ecrit par Laurent7869
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