Sirène à terre !


Naufragé de la ville
j'erre sur la grève
à longs pas éphémères

Réponse au tempo dur
de la marée montante
le crachin entonne
une mélopée froide
quand la brume s'hasarde
à noyer la dune

Intemporelle
la voix du large
me tient en éveil
et gomme
le lamento obsédant de son appel

Je la sais en attente
prostrée sur un chalut de peurs
dévoreuse esseulée
rongée par son essence

Je sais
les courbes fines
l'envoûtement du regard
cette subite importance
que son choix vous confère

Boulimique funeste
elle se nourrit sans fin
des désirs qu'elle suscite
puis rejette ses proies
qui bien vite l'importunent

Je ne répondrai pas
à l'écho de ses mots
ni ne la visiterai encore
en sa chambre cachot

Je ne rejoindrai pas
la cohorte vide
de ses amants éteints
hantés et translucides

D'un autre
elle déchirera
le coeur et les rêves

J'ai fui
mais un instant
un instant seulement
j'ai été l'unique







Ecrit par Varech
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