Maudit lavoir



C’est un lavoir où dans la nuit l’eau sous la Lune
Est océan, banquise, étang, Niagara,
Selon l’œil amusé que la pensée allume.

S’y réfléchit –inconcevable !- un Sahara
Est-ce un nuage, est-ce du sable, est-ce une dune ?
La surface se mue en ocre alcantara ;

Le visiteur, en ce mirage, a l’infortune,
-Empressé, désireux d’y promener le doigt-,
De toucher l’élément dont le maître est Neptune.

Il faut un temps avant que le céleste toit
Ne se calme à nouveau puis l’image s’aligne
Au regard sec, idoine à ce que raison doit.

Ainsi ne rien tenter ; tantôt, voilà la vigne
Et son grain mûr, est-ce une bulle, or aucun pas
N’aura l’heur, cette fois, de dissiper ce signe.

Dévalant du coteau, se glisse en contrebas
-L’on entend, clair, son rire, on perçoit son haleine-
Une ondine, une muse aux ravissants appas.

Eblouissante aux Chutes de La Madeleine,
Le cœur se serre, au vide se ferment les bras,
La voir est un bonheur aussi fort qu’une peine,

C’est un lavoir et la magie est, tel un raz
De marée, où la frustration nourrit la veine
Aux souvenirs et vogue un cruel embarras.




Ecrit par Lau
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