Fin d'hiver


Le brouillard oppressant posé sur la lagune
Efface l’horizon et séquestre les cieux
Où pend, blême et voilé, le disque avaricieux
D’un soleil en tous points identique à la lune

Pareillement lointain et froid comme la mort
Sa clarté n’a pas d’heure et le jour est sans fin
Comme la nuit glacée imprégnant les défunts.
L’épais nuage gris cache des voix sans corps

Lacérant l’air ouaté les railleries des mouettes
S’unissent aux appels des obscurs cormorans
Cette clameur aiguë pénètre entre les rangs
Des tombes d’où ne sort qu’une oraison muette

Un bruit sourd et plaintif ricoche sur la glace
Dont la frêle épaisseur se fendille au vent chaud
Soudainement chuchote et coule le ruisseau
Tambour battant l’hiver ôte sa carapace

Le marais s’est couvert d’oiseaux détritivores
Il pend aux frondaisons des rameaux guenilleux
Victime infortunée du climat capricieux
La nature fluctue entre enfer et décor




Ecrit par Cardaline
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