Les sortilèges de la nuit

La damnation de Faust

Alchimiste, astrologue, arrogance létale,
Cuves et athanors où se fabrique l'or,
Rien ne peut satisfaire ton désir primal
De trouver l’élixir qui domptera la mort.
Quand la griffe du cauchemar tourne les heures,
Comme un fœtus qui se réfugie, avachi,
Au fond d'un berceau noir où transpire la peur,
Tu maudis ce jour effroyable où tu naquis.
Les manuscrits interdits et autres grimoires
Forment quelques vaines buées sur ton miroir
Que ton désespoir a plusieurs fois morcelé
Telle l'image d'un corps déjà disloqué.

Livré au scalpel de ton esprit torturé,
L'univers épouvanté n'a plus un seul havre
Et la matière disséquée tel un cadavre
Rêve de vengeance ou d'autres calamités.
Qui aura raison de ce funeste labeur
D'invoquer nuit et jour les forces infernales,
D'inventer des rites au comble de l'horreur,
De semer le chaos, les ténèbres fatales?

Un souffre méphitique souffle et siffle fort,
Un rire sardonique dans ton cœur s'immisce :
« Faust, Faust, je suis le prince aimé des maléfices »
J'ai si soif d'innocence tant mes crocs l'adorent !
Que ferai-je donc d'une âme aussi corrompue ?
Il n'en reste rien sinon cette odeur qui pue,
Mais console-toi, tous les siècles à venir
Chanteront ta gloire, t'élèveront martyr
Et ton effigie en éternel réprouvé
Sera le gage de ton immortalité ».




Ecrit par Banniange
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