Où es-tu passée, utopie ?

Où es-tu passée, utopie ?
Où sont nos lendemains plus bleus, notre avenir ?
La cavale mourut, bien sûr, de trop hennir,
Et l’on jeta sa robe pie,
Ses sabots de feu aux orties.

« Science », « technique » étaient les mots
D’ordre gobés par ces enfants repus de rêve,
Qui aujourd’hui marchent plus loin, plus vite, ou crèvent
D’un arc-en-ciel de tous les maux
Parmi les derniers animaux.

Oh ! j’ai bramé la psalmodie,
Cru moi aussi en Prométhée, en Lucifer,
Voulu porter haut l’étendard, croiser le fer
Et, par droit de raison brandie,
Bouter la mort et l’incendie !

Or nous voici : les survivants,
Ceux qui se sont perdus, aveugles, sans mémoire,
Dans leur propre maison aux portes illusoires,
Aux corridors remplis de vent
Qu’ils ont trouvés en arrivant.

On a le destin qu’on mérite
Et il n’est en ce monde que peu d’innocents ;
On finit même par aimer le goût du sang,
Pour peu que les trains roulent vite
Dans les pays que l’on visite…




Ecrit par Lejassyote
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