Ballade du langage des fleurs

Regardez bien au fond d’une corolle
Les mots curieux saugrenus ou heureux,
Le doux parler plus vrai que la parole,
Ce vrai symbole et ses étranges jeux
Vous annonçant l’orage ou les ciels bleus.
Et maintenant leur douce féerie
Vient vous causer sans fausse théorie ;
Profitez bien de ces curieux bonheurs ;
Avec aisance et sans flagornerie,
Écoutez donc, le langage des fleurs.

Oyez aussi la douce barcarolle
De l’être humain dans ce qu’il a de mieux
Quand la beauté tout à coup le console
D’un ton d’espoir brillant au fond des yeux,
Quand maître amour fait d’émouvants aveux.
Le blanc, le rose avec leur coterie
Pourront chanter leur tendre plaidoirie ;
Le ciel d’azur montre bien des douceurs ;
Sur le corps frais d’une plante qui rie,
Écoutez donc, le langage des fleurs.

Méfiez-vous de l’étrange symbole
Du pétale à ces longs mots sulfureux
Quand l’avenir tout à coup se désole
Et prend les airs de l’orage venteux,
Du ciel tout gris à l’aspect nuageux ;
La plante sait ce qui nous contrarie,
Les maux tout noirs loin de la rêverie ;
Demain verra les jours calamiteux,
Les sombres mois au temps de l’incurie,
Écoutez donc, le langage des fleurs.

Princes brillants, la panse bien nourrie,
Le corps dispos et la tête aguerrie,
Bien à l’abri de la chicanerie,
Goûtez pourtant les étranges humeurs
Des végétaux et de leur confrérie
Qui vous disent avec espièglerie :
Écoutez donc, le langage des fleurs.




Ecrit par Lastours
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