Les amours spéculaires

C'est dans la rue des quatre vents
Que j'ai retrouvé mon amour,
Je l'avais connu bien avant
Dans un long rêve sans retour,
Je te regardais traverser,
Belle fugitive étoilée,
Dans ta robe de sauvagine,
Ta chambre aux humeurs assassines, 
Puis, quand tu t'approchais de moi
Et te mirais dans mon regard,
Dans ton reflet comme un brouillard
Je me perdais tout en émoi.
Ainsi durant des nuits fébriles
Je fus ton portrait trop docile,
Te suppliant dans mon mutisme
De m'accorder le don de voir
Ton image hors d'un miroir
D'un désespérant égotisme.
Enfin, il vint ce jour béni
Où je t'ai vue dans la vitrine
Me sourire d'un air ravi,
Toi, adorable Colombine !
Alors je t'enlevais, farouche,
Sans redouter les escarmouches,
Je t'emportais dans ma demeure
Où rien ne vit ni rien ne meurt,
Parmi les autres mannequins,
Tu vivras un glorieux destin
Dans cette chambre aux cents miroirs
Où j'ai égaré mon regard.




Ecrit par Banniange
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