Dans cent ans

On oubliera mon nom, mes rimes et mes rires,
Le timbre de ma voix et le bruit de mes pas,
Mes mots endimanchés, les meilleurs et les pires,
La lueur de mes yeux à la fin des repas.

Les jours éclipseront mes moindres fariboles,
Personne pour penser à mes peines de cœur,
A mes mots emportés, à mes tendres paroles,
A mes coups de colère à mes joies à mes peurs.

Un jour, à la merci du caprice du temps,
Un des miens bradera mon portrait solennel,
Celui où j'avais mis mon costume élégant,
A revers satinés contre fine flanelle.

Et l'autre accrochera la photo cramoisie,
Sur un mur pigmenté de chiures de mouche,
Pour donner à la pièce une ambiance « cosy »
Pour se croire un instant un petiot de ma souche.

Et mon regard figé souffrira impassible
Un placebo de vie émigré sous ce toit,
Claveté par un hôte indigent, insensible,
Ignorant mon amour dans ce cliché pour toi…


Inspiré d'une promenade dans un vide-greniers

Ecrit par Maninred
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