L'absurde ridicule

« Détends ton ridicule rictus.
ta grimace ne fait peur à personne.
Sors les mains de tes poches
montre nous ton arme factice.

- Mon revolver est vrai.

- Certes, alors il est vide !

- J'ai des balles dans ma poche.

-Nous voilà bien. Nous allons encore perdre des minutes précieuses.

- Il ne me faut que quelques secondes pour le remplir.

- Vous êtes si peu dégourdi, j'ai bien peur que nous allons y passer la nuit.

- Vous me provoquer ou je rêve ?

- Mon Dieu, je n'arrête pas de vous ridiculiser dans mes propos et vous me demandez
si j'essaie de vous provoquer ? Décidément, on en a pas fini avec vous.

- D'accord vous l'aurez voulu, dit-il en fourrant sa main dans l'une de ses poches.

- Ah, enfin ! «  S'exclama le provocateur en regardant sa montre.

Alors qu'il fouillait dans sa poche pour attraper les balles il dit d'un ton sec.
«  Très bien, vous l'aurez voulu. Je compte jusqu'à dix et après je remplirai mon revolver
et on ne pourra plus m'arrêter.

- Non ! C'est pas possible, nous voilà avec un compte à rebours avant l'attaque.
Vous nous faites tous poireauter là, ça suffit, faut arrêter de reculer maintenant. « 

C'est à cet instant que l'homme à l'arme devint rouge de colère.
Énergiquement il pris une munition de sa poche et fiévreusement il attacha une sorte de ficelle
au bout du canon de son revolver tout en tremblant.
Dans la seconde on pu entendre non pas une détonation mais un Pan ! qui claqua dans l'espace ou ils se trouvaient.

Le provocateur ne pu se retenir de tomber à genoux en riant de toute ses forces.
Il se tenait les côtes tellement il riait.

«  Je vous l'avais dit que ce monsieur n'avait rien de violent. Mais tout à fait l'air d'un clown ! « 
Le provocateur n'en pouvait plus de rire. Voilà qu'il était en train de se rouler par terre. 
Bouche déployée, yeux mouillés de larmes tant il prenait plaisir à rire de la folie de cet homme.

«  Suffit, cessez donc de rire de moi. Vous riez alors que je vous ai touché. Admettez le ?

- Mais comment voulez vous toucher quelqu'un avec votre pistolet à bouchon ?
Non décidément vous êtes trop drôle, disait -il en reprenant de plus belle se fou rire infini.

- Cette fois ci je ne peux plus rien pour vous, je recharge et vous achève ! «  Cria t-il avec une voix déterminée.

«  Ah ah ah mais non arrêtez, j'en peux plus de vos singeries. Au secours, faites le taire, Ah ah ah, mettez le en cage ou vendez le à un cirque ah ah ah. « 
Il arrivait à peine à parler tellement il riait en même temps dans des sursauts frénétiques. Il se retrouvait sur le dos, les jambes repliées et les mains sur le ventre. Il n'arrivais même plus à se relever tellement le spectacle était fou.

C'est alors que l'homme armé d'un pistolet en plastique avec bouchon made in China rechargea et tira à bout portant. PAN !

Ce deuxième coup fut fatal. Le rieur ne riait plus. Le rieur ne bougeait plus.
Les spectateurs dans la salle applaudirent en criant des bravos marquants le triomphe.
Les comédiens et figurants sur les planches du théâtre souriaient de contentement du succès de la pièce.
Le provocateur, lui, ne bougeait pas. Il restait étendu comme un mannequin.
L'homme armé quant à lui ouvrit de grands yeux et dit d'une voix tremblante.
«  Je vous assure que je ne voulais pas que ça se termine comme ça !
Et il fini par une demande bouleversante. A genoux, s'adressant au public il supplia ceci.
- Qui serez assez aimable de cacher l'arme avant que la police n'arrive ? « 

Qui a dit que le ridicule ne tuait pas ?
Voilà que l'absurde en va de même 


Écrit par Jean Claude Dewulf

Ecrit par Kero
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