Corruptio optimi ...

Immense est la forêt dont le vaste silence
Pose un rayon de brume au frisson des ruisseaux
Où se penche, effleurée, l'aurore qui commence,
Où le soir s'assoupit sous l'aile des oiseaux.
Quelle torpeur sournoise aux branches se désole,
Tandis que la poussière à la feuille au teint las
Ressemble à un adieu ? Le ciel passe et s'envole,
Et l'averse attendue se dissipe là-bas.

Immense est le glacier dont l'âpre solitude
S'élève jusqu'au seuil de l'espace ébloui,
Et parmi l'air cinglant l'immobile altitude
Enfante les torrents où gronde l'infini.
Quelle mollesse, alors, s'agrippant aux parois,
Fait s'effondrer l'hiver blotti dans les cascades
Et, coulant dans le roc la tiédeur de ses doigts,
Rend les étés plus longs, plus traînants et plus fades ?

Immense est l'océan dont les sombres abysses
Ont gardé en leur sein la genèse des vents
Où mugit le lointain, où montent les prémices
De la houle accourue aux rivages sifflants.
Mais il y a, dit-on, parmi les vagues nues
Ce ressac plus épais venu d'un fond plus sourd
Et l'amer flamboiement de couleurs inconnues
Où s'essouffle et se meurt le sable soudain lourd.






L'adage latin affirme "Corruptio optimi pessima",
c'est-à-dire : "La corruption du meilleur est la pire des choses".
Ainsi en va-t-il des splendeurs de la nature ...


Ecrit par Ombrefeuille
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