L'essentielle symphonie


Quand la nuit se retire au bord du vallon,
Quand les bois engourdis sont vêtus de brume,
Quand l’aurore étonnée touche l’horizon,
Tout l’azur est penché sur la frêle plume.
Qu’y a-t-il de plus doux qu’un torrent profond
Et que l’arche où sans fin roule son écume ?

De la grotte endormie dans les eaux du temps
Monte un son si ténu qu’il saisit l’abîme :
C’est la goutte effleurée d’un rayon des vents,
Que la pierre a forgée de sa main sublime.
Du silence éternel où vont les vivants
Naît la pente où flamboie l’ombre de la cime.

Il s’en vient des embruns l’aile d’un géant
Dont la plainte est pareille aux saisons brisées :
On croirait que soudain l’œuvre du néant
Tord la houle habitée d’âmes déchirées.
Une brise éthérée calme l’océan,
Et la plage est parée d’ondes irisées.

Quand les soirs sont fanés, lourds de maints regrets,
Quand des jeux, des amours, la source est tarie,
L’heure vient de goûter parmi les attraits
De la vie le plus pur, loin de toute envie :
C’est l’épaule où verser larmes et secrets,
C’est l’ami dont la foi* ne s’est pas flétrie.







Poème écrit sur le thème principal du deuxième mouvement
de la Symphonie du Nouveau Monde d’Antonin Dvorak

* Le mot "foi" s’entend ici non pas au sens spirituel ou religieux,
mais comme un quasi-synonyme de "confiance" et de "loyauté"


Une interprétation de référence de ce second mouvement

https://www.youtube.com/watch?v=uB18t0Y24Yo


Ecrit par Ombrefeuille
Tous droits réservés ©
Lespoetes.net