Au clair de la lune

sur un sol plan de cailloux et de terre
le crépuscule est mollement tombé
tous les oiseaux au chaud des nids se terrent
et les buissons bruissent au vent léger
la lune point dans le ciel étoilé

mâles scorpions voyant la piste prête
viennent et vont lâchant leurs phéromones
de toute part aussitôt à la fête
tendres femelles courent et se pomponnent
n'y aura pas un mâle pour chacune
gémit le vent dans les rayons de lune

les heureux mâles les voient, entrent en transe
tendent la pince pour alpaguer l'élue
puis face à face pince dans pince ils dansent
aller-retour à petits pas menus
le vent module un chant lancé aux nues

puis stop !
les pinces sont à l'horizontale
et la scorpionne lui tombe dans les bras
les chélicères se joignent, se régalent
les soies des pinces se caressent tout bas
les corps dressés le dard en pavillon
crochent, s'enroulent de charmante façon
La lune rit à voir leurs entrechats
reprend la danse avec ses petits pas

quand satisfaits les couples disparaissent
dans les terriers des tendres épousées
lors seule importe la survie de l'espèce
fini de rire ! il leur faut procréer
ils le feront chacun de son côté
elle va pondre de vingt à cinquante œufs
puis se repose le surveillant des yeux
il les féconde en faisant de son mieux
commencera alors la longue attente
la lune est blême dehors plus rien ne chante

puisqu'il leur faut rester longtemps cloîtrés
- deux à cinq mois pour voir les nouveaux-nés
(c'est sur son dos de mère qu'ils sont planqués)
et presque autant pour qu'ils soient élevés -
brave scorpion remplira son office
de nourricier pour la mère de ses fils
se laissera lentement dévorer

et la lune erre de quartier en quartier




Ecrit par Tanit
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