Eglogue de Ramble


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Je ne demande pas au Temps inexorable
« Où donc est passée ma jeunesse... »
Elle a fui comme est bue à travers le sable
l’eau de la vague - mais revient sans cesse,
des Autrefois, le souvenir inépuisable...
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Je n’ai rien oublié de ce que j’ai vécu ;
bonheurs, douleurs, ennuis, tristesses…
Les plus grandes amours m’ont vaincu,
et les regrets se sont nichés dans ma faiblesse,
comme un, que son propre coeur fait cocu !
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Entends, entends, mon coeur, les cloches argentines
des chèvres à l’oeil d’or, aux cornes aiguisées :
les museaux barbichus qui broutaient l’herbe fine
ressemblent au troupeau de tes premiers baisers,
quand l’aube rougissait les joues de ta copine !
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Vous n’aviez pas dix ans. Elle louchait un peu.
Ses iris agrandis par l’effet des lunettes
te donnaient le vertige autant qu’ils étaient bleus.
Qu’en est-il, aujourd’hui, d’elle et de ses chevrettes ?
(En tout cas, elle et moi sommes devenus vieux.)


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Ecrit par Lasource
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