Ballade de l'arracheur de dents

J’exerce un merveilleux métier
Et je fais souffrir bien du monde,
Loin d’un travail de boutiquier,
Il ne faudrait pas qu’on confonde.
Je sais la bouche moribonde
Après de nombreux incidents
Et son odeur nauséabonde,
Écoutez l’arracheur de dents.

J’ai refait le palais entier
Du maigrichon, de la gironde,
Travaillant comme un bijoutier
Dans des mâchoires à la ronde.
Avec ma belle ardeur féconde,
Je fais pousser des cris stridents
À chaque face rubiconde,
Écoutez l’arracheur de dents.

J’ai suivi le très doux sentier
Où l’argent des clients abonde
Des riches gens au port altier
Redoutant un sourire immonde.
Dans un monde où l’argent inonde
Les gens aux airs condescendants,
Je souris dans ma foi profonde,
Écoutez l’arracheur de dents.

Princes, à l’humeur vagabonde,
Dévorés d’appétits ardents,
Entendez ma voix qui vous gronde,
Écoutez l’arracheur de dents.





BALLADE DE L’AUBERGISTE
(Célèbre auberge de Peyrebeille)


J’aime à souhait la clientèle
Qui vient m’apporter ses deniers
Sans songer à la nuit mortelle
Des vils assassins routiniers.
Des premiers passants aux derniers,
À jamais se perdra la piste,
Cachée au creux de vils charniers,
Ah ! Le beau métier d’aubergiste !

J’ai cette cupidité telle
Que j’occis même les meuniers
Dans la mort non accidentelle
Qui finit sous les châtaigniers.
Sûr, nous serons excommuniés,
Marie et mon noir bagagiste
Pourtant nous sommes des pionniers,
Ah ! Le beau métier d’aubergiste.

À Peyrebeille je m’attelle
À jouer les magasiniers
Mais tous ces pauvres morts sans stèle
Sûr, rêvent d’autres taverniers.
Avec couteaux et tisonniers,
Je deviens un très grand artiste
Sans souci des mots cancaniers,
Ah ! Le beau métier d’aubergiste !

Princes, vos parcours buissonniers
Vous mettront un jour sur ma liste
Pour le plaisir des chansonniers,
Ah ! Le beau métier d’aubergiste !






Ecrit par Lastours
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