Tout meurt, le rêve ment

La vague est sans mémoire, elle efface nos pas ;
Toute histoire est d'amour, comme dit le poète,
Et l'éternel baiser est celui du trépas ;
Il n'en est pourtant pas qui ne soit de la fête.

Nous savons bien qu'il n'est civilisation
Qui ne soit désormais plus brève qu'immortelle ;
Bien sachant son extrême aveu être onction,
Elle a ce charme fou qui nous la rend plus belle.

De sa pelle et son seau, l'enfant bâtit châteaux
Et tente d'enfermer l'océan sur son sable ;
Il ne sait pas encor que sombrent les bateaux
Et, qu'au-delà de l'horizon, règne la fable.

Regardez la fourmi, sur la croûte de lait,
Sur ce socle tangible où frétille son âme,
Qui prit temps de construire autant de grands palais,
Qu'il suffit, d'augmenter un petit peu la flamme,

Pour la voir affolée en tout sens galoper,
Tandis que le magma lent inflige sa voie,
Persuadée d'avoir quelque part dû fauter,
Pendant que son jardin se fissure et se noie.


Il songeait que tout meurt et que le rêve ment.
Michel – Ange / José-Maria de Heredia

© Persona


Ecrit par Jim
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